L’actualité nous rappelle tous les jours le drame des violences conjugales. La 101e victime de l’année est décédée à moins de dix kilomètres du cabinet et localement, les hommages se multiplient en souvenir de cette jeune femme, Salomé, apparemment décédée sous les coups de son compagnon samedi dernier, alors que s’ouvrait lundi le Grenelle de violences conjugales.
On ne peut qu’être horrifié de ce décompte macabre et du degré de violence de notre société, au sein du couple mais aussi envers les enfants, victimes directes ou indirectes de cette violence. D’où l’idée de ce post, pour interroger: acteurs de la négociation et de la médiation, avons-nous un rôle à prendre face à ce fléau?
A titre personnel, voici quelques éléments de réponse, sur lesquels je suis curieux d’avoir vos impressions.
1. La médiation n’est pas, en tant que telle, une réponse à une situation de violence avérée. En effet, le processus de médiation, tel que je le pratique, repose sur la capacité des parties (ex: des conjoints) à décider librement. Or, lorsque l’un des conjoints est sous l’emprise sur l’autre, et/ou s’expose à des représailles, physiques ou psychologiques, alors il ne peut y avoir de consentement éclairé… et donc d’accord de médiation.
Au contraire, dans ces situations, ce sont les logiques d’autorité et de droit qui doivent l’emporter. La police, la justice doit être armée pour répondre au mieux à ses situations, avant qu’elles ne dégénèrent. A mon sens, c’est là un problème non pas tant de moyens que de politique publique et de formation / coordination des différents agents du système
2. Là où nous, les professionnels du conflit, devons pouvoir aider, c’est dans la prévention de la violence, à l’extérieur autant qu’au sein de la famille. Cela s’intègre dans les efforts que doit faire la société, à tous les étages (collectivités, justice, police, associations, etc.) pour endiguer ce fléau. La gestion des émotions, la compréhension du conflit et la détection de situations de danger devraient être enseignées à tous dès l’école. L’empathie doit être enseignée aux professionnels (fonctionnaires locaux, police, enseignants) afin de faciliter la prise de contact et l’écoute.
3. De plus, le médiateur que je suis, même si je n’intervient pas lors des divorces judiciaires (c’est là le champ exclusif des médiateurs familiaux), sert parfois d’intermédiaire entre ex-conjoints, notamment pour les aider à exercer leur autorité parentale sans avoir à interagir directement l’un avec l’autre (voir notre offre ici). Il s’agit ici de tout faire pour faciliter les séparations lorsque celles-ci sont inéluctables.
4. Quoi d’autre?